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Tout savoir sur le protocole Saga

Le dilemme des projets Web3

Les fondateurs de projets Web3 sont face à un choix fondamental lors du lancement de leur produit. La préoccupation autour des séquenceurs centralisés et des ponts multisig les pousse à écarter les solutions de couche 2, les orientant vers deux alternatives: développer leur produit comme un contrat intelligent sur une blockchain de couche 1 existante ou construire leur propre blockchain.

Cependant, choisir de déployer des contrats intelligents n’est pas sans concessions. Cette voie mène à une compétition pour l’espace dans les blocs, détériorant l’expérience utilisateur par des coûts de transaction élevés et des retards dans l’exécution des transactions. De plus, la nature immuable des contrats intelligents peut limiter la flexibilité du protocole en cas de bugs ou de failles de sécurité importantes. L’approche par contrats intelligents souffre également d’un manque de souveraineté, puisque le protocole dépend des règles de la blockchain hôte.

Qu’est-ce que la notion d’appchain ?

La notion d’appchain, popularisée par Cosmos et adoptée par Polkadot, est devenue une solution privilégiée ces deux dernières années. Ce concept propose la création d’une blockchain dédiée à une application unique. Cette méthode se distingue de celle des contrats intelligents par une souveraineté complète et une personnalisation poussée, améliorant les performances et la capacité d’évolution grâce à un espace de bloc dédié. Elle ouvre également la porte à de nouvelles possibilités de valorisation pour le token, comme l’extraction de valeur maximale pour les validateurs (MEV), ainsi qu’à la capture d’autres types de frais sur le réseau.

Imaginez maintenant une solution permettant de lancer une application avec la simplicité du déploiement d’un contrat intelligent tout en bénéficiant des avantages d’une blockchain dédiée, sans nécessiter d’investissement initial ni d’efforts considérables. C’est précisément la proposition de valeur de Saga.

Qu’est-ce que le concept Saga ?

Saga se positionne comme un facilitateur pour des blockchains d’application spécifiques, offrant un service clé en main. C’est une infrastructure blockchain permettant de lancer aisément des blockchains spécialisées, nommées Chainlets,  au sein de son écosystème. Ces chaînes bénéficient de la sécurité offerte par Saga et ses validateurs à travers un modèle de sécurité inter-chaînes. Un concept de sécurité partagée déjà bien établi dans l’écosystème Cosmos.

La sécurité inter-chaînes représente un modèle où une blockchain principale, ici Saga, qui fournit un cadre de sécurité à d’autres blockchains, appelées Chainlets. Cela leur permet de bénéficier des avantages d’une blockchain d’application Cosmos SDK sans gérer leur propre validation de blocs ou leur ensemble de validateurs. Ces aspects sont pris en charge par Saga.

De ce fait, un Chainlet opère comme une blockchain souveraine, partageant le même degré de sécurité et de décentralisation que la blockchain Saga. Cette méthode offre une voie simplifiée, décentralisée et sécurisée pour le déploiement de blockchains dédiées à des applications spécifiques. Cela offre aux développeurs la liberté de sélectionner leur environnement d’exécution favori, initialement avec un support pour la machine virtuelle Ethereum (EVM).

Comment créer un Chainlet ?

Les développeurs utilisent simplement des jetons SAGA pour financer la configuration et l’entretien de leur Chainlet, rappelant les modèles de tarification de services tels qu’Amazon Web Services et d’autres plateformes SaaS avec la spécificité que les paiements sont effectués en jetons SAGA. Ainsi, les validateurs de Saga se chargent de mettre en place et de maintenir l’infrastructure du Chainlet, similairement à la manière dont les validateurs du Cosmos Hub gèrent l’infrastructure pour les chaînes clientes.

Il existe plusieurs stratégies envisageables pour alimenter le compte séquestre en jetons SAGA, à savoir :

  • Dépôt direct: Transférer directement des jetons SAGA sur le compte.
  • Staking de SAGA: Utiliser le staking de SAGA pour générer des récompenses qui couvriront les frais du compte séquestre.
  • Contributions de tiers: Permettre à des sponsors, communautés et organisations autonomes décentralisées (DAO) de prendre en charge les frais.
  • Utilisation de l’Inter-Blockchain Communication (IBC)  Mettre en place un système permettant la conversion automatique de diverses cryptomonnaies en SAGA pour régler les frais.

Modalité des frais

La fixation des frais d’abonnement relève de la responsabilité des validateurs de Saga. Avant l’entame d’une nouvelle période, appelée époque, chaque validateur propose les frais qu’il souhaite percevoir pour supporter un Chainlet. Ces propositions sont verrouillées avant le début de l’époque suivante, donnant lieu à un processus d’enchères semblable à un jeu de chaises musicales.

Pour garantir l’équité et éviter toute collusion ou attaque Sybil entre les ensembles gagnants et perdants, il est crucial que le nombre de validateurs soit suffisamment important pour dissuader toute tentative de manipulation de l’ensemble gagnant. L’équipe de Saga estime que ce nombre devrait représenter entre 75% et 85% des participants aux enchères.

Toutefois, le système d’enchères comporte des risques pour les validateurs puisqu’il les incite à proposer des tarifs aussi bas que possible. Ceux figurant dans l’ensemble gagnant sont récompensés alors que ceux de l’ensemble perdant sont pénalisés.

Le token SAGA et les frais de fonctionnement

Le jeton couvre les frais de fonctionnement pour maintenir les Chainlets actifs et récompense les validateurs qui prennent en charge l’infrastructure. Ce modèle crée une correspondance directe entre les coûts et les revenus grâce au système d’enchères. Il est aussi envisageable de mettre en place des pools de validateurs partagés où certains validateurs ne s’occuperaient que de Chainlets spécifiques, permettant ainsi une meilleure évolutivité.

Saga et ses Chainlets proposent une structure de token innovante car les frais de gaz ne sont pas systématiquement prélevés sur les utilisateurs finaux. Au sein d’un Chainlet, il est possible de couvrir ces frais avec le jeton SAGA avec le propre token du développeur du Chainlet, sans utiliser de token (pour des transactions sans frais de gaz), ou même avec d’autres tokens comme l’ETH ou l’USDC. Ils sont générés dans un portefeuille contrôlé par le développeur, offrant ainsi une grande flexibilité pour choisir la stratégie de monétisation.

De cette façon, les Chainlets permettent aux développeurs de bénéficier de coûts prévisibles et réduits, d’un déploiement simplifié de leur blockchain et de la possibilité d’une évolution horizontale des applications. Bien qu’ils bénéficient de la sécurité de Saga, il existe une méthode leur permettant d’accéder à la sécurité d’Ethereum grâce à la structure de Saga. Explorons ce concept plus en détail.

La fonction des Ethlets

L’Ethlet est une nouvelle solution de mise à l’échelle pour Ethereum, fusionnant les meilleures caractéristiques des appchains, des rollups et des validiums. Lancer un Ethlet est aussi aisé que de déployer un Chainlet, en quelques clics, bénéficiant ainsi de la sécurité d’Ethereum.

Ce mécanisme repose sur trois composants clés: la disponibilité des données, l’engagement de l’état et les preuves de fraude. À la fin de chaque époque (environ un jour), les blocs produits durant cette période sont regroupés, formant une époque groupée. S’ensuit une période de contestation durant laquelle les validateurs de Saga peuvent appliquer un mécanisme anti-fraude (optimiste ou ZK interactif) pour détecter toute transaction frauduleuse. Si aucune preuve de fraude n’est identifiée durant cette période, l’état consolidé est validé sur Ethereum, héritant ainsi de sa sécurité.

Saga sert également de couche de disponibilité des données, à la manière d’un validium, pour éviter les coûts élevés liés à Ethereum. Ainsi, un Ethlet assure une finalité rapide grâce à Tendermint, facilite les transitions rapides et tire parti de l’IBC, garantissant ainsi une solution économique tout en bénéficiant de la sécurité d’Ethereum.

Crypto Ayor
Crypto Ayor
Né dans la crypto en 2017. Premier bullrun vécu et premières désillusions. J'ai appris pendant le bear market et le monde des cryptos n'a (presque) plus de secrets pour moi. De formation économique universitaire, j'ai travaillé dans les banques et les Family Offices. La finance est mon background, les cryptos mon avenir.

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