Au cours des derniers mois, le réseau Bitcoin a connu une nouvelle évolution. Surnommés Ordinals, ces actifs numériques diffèrent de leurs homologues NFT mais les résultats sont les mêmes. Depuis sa création, le réseau Bitcoin a connu un pic massif de trafic, un peu comme Ethereum pendant le boom des NFT en 2021.
Cette activité accrue a entraîné la congestion d’un réseau déjà très encombré. Le débat reste très animé sur l’impact potentiel des Ordinals sur l’avenir du bitcoin. Maintenant que le génie est sorti de la bouteille, quelle est la prochaine étape? Mais plus important encore, comment le réseau Bitcoin va-t-il faire face à la pression exercée sur la chaîne ?
Que sont les Ordinaux ?
Le protocole Ordinals permet aux utilisateurs d’envoyer et de recevoir des Satoshis, la plus petite unité monétaire d’un Bitcoin, qui transportent des données supplémentaires qui leur sont liées. Ces données peuvent prendre la forme de textes, d’images, de sons ou d’autres médias. L’ajout de données à un Satoshi est appelé « inscription », ce qui n’est pas différent des NFT.
Tout cela a été rendu possible grâce à d’importantes mises à jour du réseau. La première a été SegWit. Elle a créé une structure de données divisée pour toutes les transactions. La seconde, Taproot, a permis de placer davantage de données dans les transactions.
Une menace sur le réseau bitcoin ?
La plupart des NFT sur Ethereum se contentent généralement d’inclure un lien vers les médias, les Ordinales Bitcoin sont eux 100% sur la chaîne. Il s’agit d’un argument de vente majeur pour les actifs numériques. Mais cela signifie également que ces objets de collection numériques sont coûteux à créer et que les transactions qui le font ont tendance à être assez importantes. C’est pourquoi certains s’inquiètent des conséquences de ce protocole sur le réseau dans son ensemble.
Les Ordinals n’existent que depuis quelques mois. Plus de 3.2 millions de nouveaux actifs ont déjà été créés dans ce court laps de temps. Le réseau Bitcoin a également vu l’un des plus grands blocs jamais minés, 4 mégaoctets, comme résultat direct de l’inscription d’Ordinaux. Il y a ensuite l’impact considérable de ces nouveaux types de NFT sur la congestion du réseau et les frais de transaction qui ont atteint des niveaux inégalés depuis novembre 2022. Cette augmentation du volume des transactions et des frais moyens a également conduit les mineurs à exclure de nombreuses transactions à frais réduits, augmentant ainsi le prix plancher des transactions sur le réseau.
Une communauté divisée
Un débat fait actuellement rage sur la question de savoir si ces Ordinals sont bonnes pour le bitcoin. D’une part, certains ont souligné que le pseudo-créateur de Bitcoin, Satoshi Nakamoto, ne pensait pas que Bitcoin devait être utilisé à d’autres fins que la transaction de valeur. D’autres craignent que l’adoption continue du système n’engorge encore plus le réseau et ne le rende encore plus cher. Certains sont même allés jusqu’à suggérer que cette évolution pourrait nuire à la capacité des personnes marginalisées à utiliser Bitcoin.
Étant donné que de nombreux pays en développement sont les utilisateurs les plus prolifiques du réseau, cela pourrait potentiellement affecter certaines juridictions plus que d’autres.
De l’autre côté du débat, nombreux sont ceux qui estiment que la panique suscitée par les Ordinaux est largement injustifiée. D’une part, la purge des transactions mentionnée précédemment n’affecte que les transactions les moins chères, ce qui encourage la concurrence entre les frais. En outre, si les inscriptions ont pris une place considérable dans chaque bloc ces derniers temps, il n’y a pas si longtemps, la plupart des blocs étaient vides de 25 à 50%. On peut soutenir que les Ordinals ne font qu’utiliser des ressources qui, autrement, seraient gaspillées.
En effet, certaines écoles de pensée suggèrent que l’ajout de valeur et d’utilité au réseau Bitcoin est essentiel pour la longévité du réseau. D’une part, l’augmentation de l’adoption de Bitcoin est vitale pour sa légitimité en tant que monnaie et réserve de valeur. Plus les gens l’utilisent plus il prend de la valeur et plus sa valeur est stable.
Combattre la congestion
Toutefois, le problème de l’encombrement persiste. Maintenant que les Ordinals ont ouvert le réseau Bitcoin à de nouvelles possibilités, où cela s’arrête-t-il? Il faut sans doute trouver une solution. La solution la plus probable est une forme d’infrastructure de niveau 2 capable de retirer le gros du traitement des transactions de la chaîne principale. Cela permettrait aux Ordinals de proliférer sur le réseau Bitcoin sans menacer les cas d’utilisation transactionnelle.
Une solution potentielle à long terme consiste à créer un ZK-rollup sur BTC, en stockant les preuves sur Bitcoin où sont stockées les images des Ordinaux. Cela permettrait d’augmenter le débit sans compromettre la sécurité. Cela nécessiterait une modification de la blockchain pour vérifier les preuves, ce qui pourrait prendre des années.
Une autre solution potentielle consiste à utiliser des chaînes latérales ou des solutions de niveau 2. Le réseau Bitcoin Lightning Network a prouvé qu’il pouvait traiter les transactions rapidement et de manière rentable. Il y a aussi le Liquid Network qui agit de la même manière pour décharger le réseau principal du trafic afin de permettre des transactions plus rapides et moins coûteuses.
La solution n’est pas encore trouvée
Les solutions mentionnées augmenteraient toutes le débit de BTC mais ne fourniraient toujours pas de couche de contrat intelligent. En outre, dans l’idéal, cela devrait se faire sans faire appel à une technologie risquée comme les ponts centralisés qui ont fait perdre aux utilisateurs près de 3 milliards de dollars l’année dernière.
Les développements récents permettent au réseau d’agir comme une couche de contrat intelligent pour la chaine tout en atténuant les risques potentiels des ponts centralisés entre les chaînes et des jetons enveloppés mal conçus. Permettre au bitcoin de devenir programmable peut également débloquer un large éventail de nouveaux cas d’utilisation liés à la DeFi, y compris les prêts garantis en bitcoins ou en ordinaux et le staking.
L’essor des Ordinals sur le réseau Bitcoin est indéniable. Leur impact ne fera que croître dans les années à venir à mesure que d’autres projets exploiteront la même utilité. Mais il est clair que l’état actuel du réseau n’est pas équipé pour gérer l’afflux de trafic que cela pourrait entraîner et il est temps de se rendre à l’évidence que Bitcoin a besoin d’évoluer pour rester dans la course. Le recours à une infrastructure de niveau 2 pourrait constituer un élément essentiel de la solution.
