L’histoire de Fantom
La trajectoire de l’écosystème Fantom comprend sa genèse, ses défis et son renouveau. Fantom est une plateforme blockchain utilisant la technologie DAG (Directed Acyclic Graph) pour des contrats intelligents évolutifs et décentralisés.
Le concept de Fantom a été développé en 2018 par le Dr Ahn Byung Ik, un scientifique informatique de Corée du Sud, avec l’aide de Matthew Hur comme conseiller. Ils ont envisagé Fantom comme une solution aux problèmes d’évolutivité rencontrés par les blockchains de seconde génération telles qu’Ethereum. Peu après, en 2018, Fantom a été lancé, réussissant à lever 40 millions de dollars au cours de deux phases de financement.
Ahn Byung a initialement occupé le poste de PDG avant de passer les rênes à Michael Kong, qui dirige l’entreprise jusqu’à présent. En tant que blockchain utilisant la preuve d’enjeu, Fantom a intégré le mécanisme de consensus Lachesis offrant une structure sans leader, la tolérance aux fautes byzantines et une finalité rapide avec des transactions s’achevant en 1 à 2 secondes.
Le réseau principal de Fantom, Opera, compatible avec l’EVM (Ethereum Virtual Machine), a été lancé en décembre 2017. Une mise à niveau significative, Go-opera, a suivi en avril, améliorant l’efficience du réseau. Ces innovations technologiques ont propulsé une croissance soutenue pour Fantom. Cela s’est manifesté par une hausse du prix, une augmentation des comptes uniques, un flux accru de stablecoins et un accroissement de la TVL (Total Value Locked) pendant le marché haussier de 2020-2021.
Les efforts entrepris en bear market
Toutefois, l’arrivée d’un marché baissier a mis en évidence le besoin accru de liquidités pour tous les écosystèmes, affectés par le retrait des investisseurs occasionnels. Durant cette période difficile, l’écosystème Fantom a été ébranlé par l’annonce du départ d’Andre Conje, un développeur clé reconnu pour son talent et son rôle dans le lancement de projets innovants au sein de la plateforme. Sa décision a provoqué une onde de choc, entraînant une perte de plus de 2 milliards de dollars en TVL du jour au lendemain.
Le point de rupture est survenu le 7 juillet 2023, lorsque Multichain, un pont essentiel au sein de l’écosystème Fantom, a subi une attaque informatique, entraînant des pertes s’élevant à plus de 126 millions de dollars. Malgré ces épreuves, Fantom a maintenu sa robustesse et sa résilience, continuant à se développer discrètement au cœur de la tourmente. Et avec le temps, des signes encourageants ont émergé pour l’écosystème Fantom.
Les efforts commencent à payer
Un moment clé fut le retour d’Andre Conje en 2022, marquant un interlude bénéfique qui lui a permis de se ressourcer et de revenir armé de nouvelles idées et d’une motivation renouvelée. Pour stimuler le retour des développeurs au sein de son écosystème, Fantom a introduit une initiative de monétisation du gaz des dApps, octroyant aux créateurs une part des frais du réseau.
Dans la foulée, l’émergence de Fantom Sonic, aussi appelé Fantom 2.0, a marqué une avancée significative en tant que nouvelle architecture technologique destinée à remplacer Opera. Il offrait une finalité améliorée, une réduction de l’espace de stockage et une vitesse accrue du réseau. En outre, le lancement du programme Sonic Labs visait à attirer davantage de développeurs en proposant jusqu’à 5 millions de FTM. Et ce en plus de bénéfices annexes tels que le mentorat et un accès anticipé au réseau principal Sonic.
Fantom Sonic s’attaque au problème de l’évolutivité, un défi persistant pour les blockchains désirant supporter un large éventail d’applications réseau. Bien qu’Ethereum ait tenté de pallier ces problèmes d’évolutivité avec l’introduction de rollups, des préoccupations demeurent concernant la décentralisation, la sécurité et la complexité de l’expérience utilisateur. Par ailleurs, l’intégration avec le réseau principal présente toujours d’importantes limitations liées aux coûts et à la congestion du réseau. Récemment, l’augmentation des frais de réseau a freiné le passage de certains projets vers des solutions de second niveau (L2).
Par conséquent, le développement d’une nouvelle couche de second niveau (L2) n’offre pas une solution définitive car l’augmentation des frais de transaction pourrait entraver les performances des L2 sur Ethereum, surtout lors de l’agrégation de leurs transactions sur la couche d’exécution principale.
Changer la structure de Fantom pour enlever les défis
Face à ces défis, Fantom a choisi de renforcer sa couche de base afin de traiter efficacement un volume élevé de transactions et d’assurer une finalité rapide. Cette démarche a mené à la création de Fantom Sonic. Il marque une évolution significative de l’infrastructure technologique de Fantom, succédant à Fantom Opera. Cette innovation comprend une nouvelle machine virtuelle Fantom (FVM), une structure de stockage de données nommée Carmen et une version améliorée du mécanisme de consensus Lachesis.
La Machine Virtuelle Fantom (FVM)
Conçu initialement pour être compatible avec l’EVM, le Fantom Opera héritait également du débit de transaction assez peu élevé. Pour surmonter ces obstacles, Fantom a introduit une nouvelle architecture de machine virtuelle capable de transformer le bytecode EVM des contrats intelligents en un format exclusif à la FVM durant l’exécution des transactions. Cette transformation vers le format FVM est optimisée pour réutiliser les conversions précédentes, améliorant ainsi l’efficacité d’exécution.
La FVM optimise l’exécution des contrats intelligents grâce à une stratégie en deux volets, utilisant des super-instructions et l’intégration de C++, ce qui augmente considérablement l’efficience. Ces dernières fusionnent plusieurs opérations en une seule, diminuant le temps nécessaire pour l’exécution des commandes. L’adoption de C++ contribue à accélérer davantage le processus.
De plus, la FVM optimise le stockage des résultats des analyses JUMPDEST, des directives spéciales qui dirigent le code vers des emplacements sécurisés durant l’exécution. Cela améliore non seulement les performances mais renforce également la sécurité contre les tentatives de manipulation malveillante.
Le stockage Carmen de Fantom
Le stockage Carmen représente la nouvelle solution de stockage de Fantom Sonic, conçue pour alléger les exigences de stockage pour les nœuds et booster les performances globales. Il gère l’état global de la blockchain, incluant les données essentielles des comptes comme le solde, le nonce, le bytecode EVM et le stockage des contrats intelligents.
Il permet aussi un élagage dynamique des données. C’est une pratique utilisée pour éliminer les données obsolètes sur les blockchains. Il a traditionnellement requis une mise hors ligne des nœuds, posant des risques financiers et opérationnels pour les validateurs. En revanche, avec Carmen, l’élagage peut se faire sans interrompre le fonctionnement des validateurs, réduisant ainsi les coûts grâce à des besoins en stockage moindres.
Pour y parvenir, Carmen divise la base de données en deux parties distinctes: LiveDB, qui contient l’état actuel du monde et est maintenu par les nœuds validateurs, et ArchiveDB, qui conserve l’historique des états du monde et est géré par les nœuds d’archive. Cette séparation permet d’effacer les données anciennes sans perturber le travail des validateurs.
Un futur sans complexe
Fantom Sonic s’annonce comme une révolution pour l’écosystème, avec la promesse de rendre la couche de base beaucoup plus efficace. Les résultats impressionnants du testnet, affichant une capacité de 4000 transactions par seconde et une finalité d’une seconde, soulignent le potentiel de ce projet.
Avec le lancement prévu de Fantom 2.0 sur le réseau principal à l’horizon de 2024, l’écosystème Fantom se prépare à entrer dans une nouvelle ère, marquant potentiellement le début d’une période de renouveau et d’innovation.
