Depuis juillet 2025, un phénomène aussi massif qu’inattendu secoue le marché du Bitcoin. Les premières baleines, celles qui ont accumulé leurs BTC il y a plus de dix ans, parfois 12 ou 14 ans, sont en train de vendre. Et pas seulement un peu. Elles vendent à un rythme que personne n’avait anticipé. Et surtout, elles ne se contentent plus de vendre uniquement quand le sommet est atteint comme elles le faisaient depuis toujours.
Elles vendent maintenant. À presque n’importe quel prix.
Ce comportement peut dérouter, voire inquiéter quand on sait que ces mêmes investisseurs sont ceux qui ont tenu bon pendant les bear markets les plus violents: l’interdiction chinoise, le crash de Mt. Gox, les cycles 2018 et 2022. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi abandonner la stratégie qui les a rendus multimilliardaires ?
Les chiffres parlent d’eux‑mêmes
Depuis juillet 2025, plus de 470’000 BTC ont été vendus par des détenteurs à long terme, ce qui représente environ 49 milliards de dollars au cours actuel. Une part énorme provient de portefeuilles totalement inactifs depuis plus de dix ans. Rien qu’en octobre, les cohortes dormantes depuis 7 à 10 ans ont déplacé des volumes colossaux. Même les détenteurs de la vague 2020‑2021 (ceux qui ont acheté entre 10’000$ et 69’000$) sont devenus les plus gros vendeurs nets ces dernières semaines.
Pour la première fois dans l’histoire du Bitcoin, on assiste à une distribution massive des pièces les plus anciennes.
La stratégie historique des baleines
Jusqu’à présent, le playbook des vieilles baleines était limpide et redoutablement efficace :
- Acheter très tôt (souvent à moins de 1’000$).
- HODL coûte que coûte pendant 10‑15 ans.
- Vendre une partie au top de chaque cycle (2013, 2017, 2021).
- Racheter le bottom suivant.
Cette stratégie a transformé quelques milliers de dollars en fortunes à neuf ou dix chiffres. C’est pourquoi on les appelle baleines, elles ont toujours été la smart money du marché.
Alors pourquoi changent‑elles brusquement de comportement ?
La réponse est finalement très simple: tout investissement, même le plus légendaire, finit un jour par entrer dans sa phase de sortie. Quand vous avez pris le risque maximal pendant 14 ans, que vous avez cru au projet quand tout le monde vous traitait de fou.Et que votre achat initial de 210’000$ vaut aujourd’hui plus de 9 milliards de dollars, il arrive un moment où il est légitime, et même responsable, de réaliser une partie de vos gains.
Diversifier, sécuriser sa richesse, financer des projets, préparer sa succession, ou tout simplement profiter de la vie après plus d’une décennie de stress extrême, oui c’est humain.
Mais pourquoi précisément en 2025 ?
Parce que c’est la première fois dans l’histoire du Bitcoin qu’un marché est suffisamment profond pour absorber une telle pression de vente sans imploser. Essayez d’imaginer vendre 5 ou 10 milliards de dollars de BTC en 2021 ou 2022: pas d’ETF spot, très peu d’institutionnels, liquidité ridicule sur les exchanges. Résultat garanti: ‑80% minimum en quelques semaines. Aujourd’hui, tout a changé. Nous avons maintenant :
- Des ETF Bitcoin qui absorbent des milliards chaque semaine.
- Des trésoreries d’entreprises cotées (MicroStrategy en tête, mais aussi beaucoup d’autres).
- Des investisseurs traditionnels, des fonds de pension, des family offices.
- Une liquidité jamais vue.
Un transfert de propriété historique
Ce que nous vivons est rien de moins qu’un changement structurel fondamental du marché Bitcoin.
Anciens propriétaires → Nouveaux propriétaires
Les investisseurs pionniers à très haut risque (conviction idéologique, tolérance aux drawdowns de 90%) → Les institutions à profil de risque modéré (horizon long, mais incapables de justifier une perte de 90% auprès de leurs actionnaires ou clients).
Ce transfert a plusieurs conséquences extrêmement positives à moyen et long terme:
- Réduction de la concentration extrême du Bitcoin entre très peu de mains.
- Baisse structurelle de la volatilité (on le voit déjà: la volatilité réalisée du BTC est à son plus bas historique).
- Maturation et légitimation de l’actif aux yeux du monde traditionnel.
Oui, c’est clairement douloureux à court terme et c’est précisément cette distribution massive des anciennes baleines qui explique pourquoi le prix du Bitcoin peine à décoller de façon explosive malgré un environnement pourtant idéal: une administration américaine ouvertement pro-crypto, une SEC bien plus conciliante qu’auparavant, les discussions sérieuses autour d’une réserve stratégique nationale de Bitcoin et une clarté réglementaire qui s’améliore enfin dans de nombreux pays.
Le marché est tout simplement en train de digérer le plus grand transfert intergénérationnel de richesse de son histoire: des milliards de dollars de BTC passent des mains des pionniers aux portefeuilles des institutions. Et ce processus, aussi sain soit-il à long terme, crée une pression baissière temporaire que même les meilleures nouvelles peinent à contrebalancer pour l’instant.
Les pionniers sortent en réalisant des gains qui resteront dans les livres d’histoire. Une nouvelle génération d’acheteurs, plus institutionnelle, plus stable, prend le relais. Ce qui fait mal aujourd’hui est en réalité la condition nécessaire pour que le prochain cycle soit plus sain, plus durable et beaucoup moins volatil que les précédents.
Les vieilles baleines nous disent merci et s’en vont profiter de la vie. Les nouvelles institutions arrivent avec des valises pleines. Le Bitcoin ne meurt pas. Il change simplement de mains. Et c’est probablement la meilleure chose qui pouvait lui arriver.





