Analyse de l’impact de l’inflation sur les politiques monétaires de la FED
Le dernier rapport du Federal Open Market Committee (FOMC) a mis en lumière plusieurs dynamiques économiques cruciales, en particulier sur la trajectoire de l’inflation et son influence sur les décisions de politique monétaire. Actuellement, l’inflation de base mesurée par l’indice Core PCE s’établit à 2,75%, un niveau cohérent avec les projections médianes des membres du FOMC, estimées à 2,8%. Cependant, un examen de la tendance récente révèle une hausse progressive de l’inflation, passant de 2,4% en octobre à 2,75% aujourd’hui. Cette augmentation soulève des inquiétudes majeures car elle reflète une persistance de pressions inflationnistes qui impactent directement :
- Le pouvoir d’achat : Une inflation plus élevée érode la valeur des revenus fixes, augmentant le coût des biens essentiels comme les aliments et le logement.
- Les actifs risqués : Historiquement, une inflation modérée favorise la valorisation des actifs risqués, mais cela s’accompagne de limites significatives lorsque les banques centrales ne peuvent pas intervenir pour soutenir les marchés.
Limites de la politique monétaire : le dilemme de la FED
Face à une inflation toujours élevée, la Réserve fédérale est contrainte de maintenir une posture restrictive. Deux leviers principaux sont actuellement utilisés pour gérer cette situation :
Réduction du bilan de la FED (QT – Quantitative Tightening)
La FED poursuit son programme de réduction des actifs détenus sur son bilan. Concrètement, cela implique la vente de titres du Trésor et d’obligations adossées à des créances hypothécaires. Cette stratégie vise à diminuer la liquidité dans le système financier, ce qui freine la hausse des prix des actifs. Selon la déclaration du FOMC du 18 décembre, cette politique restrictive reste en vigueur, avec l’objectif de poursuivre la réduction de son bilan amorcée en avril 2022.
Suspension de l’assouplissement quantitatif (QE – Quantitative Easing)
L’assouplissement quantitatif, c’est-à-dire l’injection de liquidités via l’achat d’actifs, est actuellement hors de question en raison du niveau élevé d’inflation. Revenir au QE alors que l’inflation est élevée nuirait à la crédibilité de la FED. La stratégie de vente d’actifs continuera donc jusqu’à ce que les conditions économiques, notamment une baisse marquée de l’inflation, permettent une transition.
Malgré le ton résolument restrictif, deux éléments indiquent que la FED devra tôt ou tard revenir à une politique plus accommodante, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur les marchés, y compris les cryptomonnaies.
- Réduction du rythme de vente d’actifs En mai 2024, la FED a discrètement ajusté son programme de réduction d’actifs. Elle a diminué le plafond mensuel de ventes de 60 milliards à 25 milliards de dollars, signalant une possible préparation à un arrêt total de la réduction du bilan. Historiquement, un tel ralentissement précède un pivot complet, avec un retour à l’achat d’actifs dans un délai de 4 à 8 mois.
- La situation de la dette américaine La dette nationale américaine dépasse désormais des niveaux historiquement élevés, rendant insoutenable une politique monétaire restrictive à long terme. L’augmentation constante du service de la dette pousse la FED à envisager une reprise du QE pour maintenir la solvabilité du système financier.
Implications pour les investisseurs et les actifs risqués
L’inévitable retour au QE, bien que retardé, pourrait être un catalyseur majeur pour les marchés des actifs risqués, y compris les cryptomonnaies. Lorsque la FED pivote, les liquidités affluent généralement vers les marchés financiers, stimulant les valeurs d’actifs comme le Bitcoin et les actions technologiques. Cependant, à court terme, les pressions inflationnistes et le QT continuent de poser des défis :
- Pour les investisseurs traditionnels : Les actifs sensibles aux taux, comme les obligations, pourraient continuer à souffrir.
- Pour les investisseurs en cryptomonnaies : Le ralentissement des ventes d’actifs par la FED et les premiers signes d’un pivot pourraient être un signal d’entrée.
La dette américaine : Un problème systémique insurmontable
La dette nationale des États-Unis a atteint des niveaux sans précédent, provoquant des répercussions directes sur la politique monétaire et les marchés financiers. Cette analyse explore pourquoi la Réserve fédérale (FED) devra inévitablement revenir à l’assouplissement quantitatif (QE) en raison de l’insoutenabilité croissante de la dette publique.
La dette américaine génère des paiements d’intérêts devenus l’une des plus grandes dépenses du gouvernement fédéral. À mesure que les taux d’intérêt restent élevés, cette charge alourdit le fardeau fiscal et limite les capacités budgétaires. Cette dynamique compromet la confiance dans la capacité du gouvernement à gérer sa dette, entraînant des effets en cascade sur les détenteurs potentiels de bons du Trésor.
La baisse de la confiance dans les bons du Trésor provient principalement de trois catégories d’acheteurs majeurs :
- Les investisseurs étrangers : Les nations étrangères, autrefois des acheteurs solides de titres américains, se montrent de plus en plus prudentes face à la faiblesse structurelle du dollar américain et à l’endettement croissant.
- Les investisseurs domestiques individuels : Moins d’investisseurs particuliers se tournent vers les obligations en raison des rendements fixes peu attractifs, préférant les liquidités ou les actifs à risque comme les actions.
- La Réserve fédérale : Dernier recours pour l’achat de la dette américaine, la FED agit comme un stabilisateur en cas de crise. Cependant, sa politique actuelle de réduction de son bilan freine sa capacité à jouer ce rôle.
Le retour à l’assouplissement quantitatif est inévitable
La Réduction du Bilan de la FED : Une stratégie temporaire
Depuis avril 2022, la FED a mis en œuvre une politique de quantitative tightening (QT), réduisant ses avoirs en bons du Trésor et en titres adossés à des hypothèques. Cependant, cette stratégie n’est pas soutenable à long terme car elle exacerbe la crise de la dette en réduisant la liquidité disponible sur le marché.
À un moment donné, la FED devra inverser sa politique et recommencer à acheter des actifs pour stabiliser le marché. Cette transition, appelée pivot de bilan, marquera le passage du QT au QE, permettant à la FED de soutenir les émissions de la dette publique.
Le manque d’acheteurs pour la dette américaine
Personne d’autre ne peut absorber l’énorme stock de bons du Trésor :
- Les investisseurs étrangers réduisent leurs achats.
- Les particuliers américains préfèrent des investissements à plus fort rendement.
- Les institutions financières elles-mêmes s’éloignent des obligations en raison des incertitudes liées aux taux d’intérêt.
La FED deviendra donc le seul acteur capable de financer les besoins de liquidité du gouvernement américain.
Implications pour les marchés financiers et les cryptomonnaies
Retard ou opportunité ?
Chaque retard dans le retour au QE prolonge l’incertitude sur les marchés financiers. Cependant, lorsque la FED pivotera vers une politique accommodante :
- Les marchés à risque : Les actifs comme les actions technologiques et les cryptomonnaies devraient connaître une hausse significative en raison de l’afflux de liquidités.
- Le dollar américain : La dévaluation du dollar pourrait accélérer l’adoption des actifs alternatifs, y compris les cryptomonnaies, comme réserve de valeur.
Calendrier probable pour le pivot de la FED
Le calendrier des prochaines réunions du FOMC est essentiel pour suivre cette transition. Les dates clés incluent :
- 29 janvier 2025 : Première réunion après l’inauguration présidentielle.
- 19 mars 2025 : Une autre date critique où des annonces significatives pourraient être faites.
Il est probable que la FED utilise ces réunions pour ajuster progressivement son langage, signalant un retour imminent au QE.
La crise de la dette américaine pousse inévitablement la FED à reprendre l’assouplissement quantitatif. Bien que les retards actuels puissent freiner les marchés à court terme, le pivot de la FED est une certitude à long terme. Pour les investisseurs, il s’agit de surveiller attentivement les indicateurs clés et de se préparer à une reprise des marchés alimentée par le retour du «money printer».