Tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis sur les métaux rares
Les métaux rares, également appelés terres rares, regroupent 17 éléments indispensables à de nombreuses technologies modernes: des moteurs électriques aux batteries de voitures électriques en passant par les smartphones, les éoliennes et, surtout, les équipements militaires stratégiques comme les missiles Tomahawk et les sous-marins nucléaires. Actuellement, la Chine exerce une domination écrasante sur ce secteur. Elle assure environ 61% de la production minière mondiale et détient 92% des capacités de raffinage. Cela rend les États-Unis, ainsi que l’ensemble du monde développé, extrêmement dépendants. Entre 2020 et 2023, 70% des terres rares importées par les États-Unis provenaient de Chine.
Une tension qui s’inscrit dans la durée
Le bras de fer entre Washington et Pékin sur les métaux rares ne date pas d’hier. En 2010, la Chine avait déjà bloqué ses exportations vers le Japon à la suite d’un conflit territorial, démontrant ainsi son aptitude à utiliser ces ressources comme un levier géopolitique. Depuis 2023, Pékin a renforcé ses mesures restrictives, limitant les exportations de matériaux critiques comme le gallium, le germanium ou le graphite en réponse directe aux sanctions américaines ciblant les semi-conducteurs de pointe et la technologie avancée. Ces tensions s’inscrivent dans une guerre commerciale élargie, alimentée par des différends autour de Taïwan, des microprocesseurs et de l’intelligence artificielle.
Point d’ébullition en 2025 : une escalade stratégique
L’année 2025 marque un tournant dans cette rivalité. Sous l’administration Trump, les frictions se sont intensifiées dans le cadre d’une guerre commerciale relancée. Voici les moments clés de cette montée des tensions :
- Avril 2025 : Pékin limite l’exportation de sept types de terres rares ainsi que d’aimants permanents en représailles aux nouveaux droits de douane américains. Ces restrictions affectent directement les secteurs de la défense, de l’énergie et de l’automobile aux États-Unis, provoquant pénuries et interruptions de production.
- Juin 2025 : Après des pourparlers à Londres, un accord provisoire est conclu. La Chine accepte de reprendre ses exportations pour une période de six mois. Cependant, les termes restent flous et Trump reproche à la Chine de ne pas honorer ses engagements, notamment en ce qui concerne les aimants destinés aux systèmes d’armement.
Une guerre économique hybride se précise
- Octobre 2025 : À l’approche d’une rencontre potentielle entre Trump et Xi Jinping lors du sommet de l’APEC en Corée du Sud, la Chine passe à l’offensive. Avec l’Annonce n°61 du ministère du Commerce, Pékin élargit les contrôles à cinq métaux supplémentaires (soit un total de 12), aux technologies de fabrication et à tout produit contenant ne serait-ce que 0.1% de ces métaux. Les restrictions visent également les entreprises associées à des forces armées étrangères, ciblant notamment les sous-traitants américains. Cette décision équivaut à une version chinoise de la “foreign direct product rule”, un outil déjà utilisé par Washington contre Huawei.
- En réponse, Trump a déclaré le 10 octobre qu’il envisageait des droits de douane de 100% sur tous les produits chinois à partir du 1er novembre 2025, accusant Pékin d’adopter une attitude hostile. Cette annonce a provoqué une chute de plus de 3% des marchés boursiers américains et un bain de sang jamais connu dans le secteur de la crypto.
Une dépendance stratégique lourde de conséquences
Impact sur les États-Unis
Les États-Unis souffrent d’une dépendance critique vis-à-vis de la Chine pour leur industrie de défense. Par exemple, le samarium, utilisé dans les avions F-35, est raffiné exclusivement en Chine. Même avec des projets comme la réactivation de la mine de Mountain Pass en Californie, les États-Unis ne produiront que 1% des aimants permanents mondiaux d’ici fin 2025. Cela met en péril leurs chaînes d’approvisionnement dans des domaines clés: défense, véhicules électriques, IA et énergies renouvelables.
Risques pour la Chine
La Chine utilise cette situation comme levier diplomatique et économique mais elle s’expose à des contre-mesures occidentales susceptibles de freiner ses exportations. Ce bras de fer s’apparente à une forme de guerre économique hybride, mêlant enjeux de sécurité nationale et affrontement technologique.
Répercussions globales et perspectives d’avenir
Sur le plan mondial, ce conflit menace de provoquer une pénurie généralisée de métaux stratégiques, une hausse de l’inflation et une désorganisation des chaînes d’approvisionnement, tout en posant de sérieux problèmes environnementaux liés à l’extraction de ces minerais. À court terme, les négociations restent extrêmement tendues, avec une échéance fixée au 1er décembre 2025 pour l’entrée en vigueur des nouvelles restrictions chinoises.
Donald Trump, de son côté, milite pour une diversification des sources d’approvisionnement et propose même un prix plancher pour contrer la domination chinoise. Pourtant, selon les experts, il faudra plusieurs années aux États-Unis pour sortir de cette dépendance. Ce différend cristallise la transformation d’un simple désaccord commercial en un affrontement stratégique et sécuritaire global, révélateur de la nouvelle dynamique de la rivalité sino-américaine.