Un marché en repli malgré une année 2025 historique pour le Bitcoin
En cette fin d’année 2025, Bitcoin montre des signes persistants de faiblesse, contrastant avec les avancées marquantes en matière d’adoption et de régulation. L’année a pourtant été exceptionnelle. Les ETF spot ont été approuvés et consolidés aux États-Unis, les institutions ont injecté massivement des capitaux en début d’année et un nouveau sommet historique a été atteint début octobre à plus de 126’000 dollars. Pourtant, au 23 décembre, le BTC évolue dans un range 84’000 à 94’000 dollars depuis mi novembre. C’est une correction d’environ 30% par rapport à son pic.
Il ne s’agit pas d’un effondrement soudain mais plutôt d’une érosion progressive, alimentée par une pression vendeuse continue et un affaiblissement de la demande. Décryptons ensemble les causes de cette dynamique.
La pression des holders historiques intensifie la correction
Le moteur principal de cette correction réside dans les ventes des détenteurs de long terme. Ces investisseurs, ayant conservé leurs BTC durant des années (souvent plus d’un ou deux ans), concrétisent aujourd’hui des gains exceptionnels, parfois multipliés par plusieurs dizaines voire centaines. Depuis le début de 2023, environ 1.6 million de BTC dormants ont été remis en circulation. Cela représente environ 140 milliards de dollars au prix actuel.
Rien qu’en 2025, on observe près de 300 milliards de dollars de BTC, inactifs depuis plus d’un an, qui ont été vendus. Les données on-chain, notamment celles de CryptoQuant et K33 Research, révèlent que la cadence de distribution des 30 derniers jours figure parmi les plus élevées des cinq dernières années. Ces mouvements s’opèrent en grande partie via des desks OTC (over-the-counter), minimisant l’impact immédiat sur les exchanges publics mais maintenant une pression constante sur le marché.
Ce phénomène est typique des cycles haussiers de Bitcoin où les holders de long terme profitent de l’euphorie pour vendre. Toutefois, l’intensité actuelle se démarque par sa durée et sa persistance, même après une chute de 30%.
Les entrées dans les ETF s’essoufflent malgré des sursauts
Autre facteur notable, la demande institutionnelle, historiquement capable d’absorber une partie de l’offre, montre des signes de fatigue. Les ETF spot Bitcoin ont connu des entrées cumulées records de plus de 57 milliards de dollars depuis leur création. Pourtant, depuis novembre, les flux sont devenus majoritairement négatifs. Le fonds de BlackRock, par exemple, a enregistré plus de 2.7 milliards de dollars de sorties sur les cinq dernières semaines.
Néanmoins, le 17 décembre a marqué un rebond avec 457 millions de dollars d’entrées nettes, le plus important afflux quotidien depuis plus d’un mois. Ces flux ont été tirés notamment par Fidelity (391 millions) et BlackRock (111 millions). Ce regain a brièvement poussé le BTC à 90’000 dollars, mais une tendance haussière durable nécessiterait plusieurs jours consécutifs de flux positifs conséquents. Et hélas, depuis cette entrée de soulagement, les ETF ont connu des sorties de 461 millions de dollars les trois jours d’après. Les ETF, en tant que thermomètre de la demande institutionnelle, ont perdu de leur force stabilisatrice face à une liquidité plus ténue.
Les achats de Strategy soutiennent la demande mais peinent à inverser la tendance
Du côté corporatif, Michael Saylor et sa société Strategy (anciennement MicroStrategy) continuent de jouer un rôle majeur dans le soutien de la demande. Après une courte pause, l’entreprise a repris ses acquisitions avec vigueur: plus de 10’000 BTC achetés début décembre pour près d’un milliard de dollars, suivis d’une seconde tranche équivalente mi-décembre. Les avoirs de Strategy dépassent désormais les 670’000 BTC.
Ces achats massifs sur la blockchain participent à l’absorption de l’offre. Mais même à cette échelle, ils ne suffisent pas à renverser la pression exercée par les ventes soutenues des anciens détenteurs.
Une activité retail et dérivée en berne
L’intérêt du grand public et des marchés dérivés a également chuté. Après une journée de liquidation record en octobre, avec plus de 19 milliards de dollars partis en fumée suite à des facteurs macroéconomiques, l’open interest et les volumes ont drastiquement reculé. Le marché devient ainsi plus vulnérable aux chocs exogènes.
Le Bitcoin adopte de plus en plus le comportement d’un actif risqué, étroitement corrélé aux actions technologiques et sensible aux dynamiques macroéconomiques. Les variations du CPI, les décisions de la Fed ainsi que les incertitudes géopolitiques ou sur les valorisations liées à l’IA influencent désormais fortement sa trajectoire.
Une correction lente, reflet d’un rééquilibrage temporaire
En somme, le Bitcoin traverse un déséquilibre structurel temporaire: une offre excédentaire alimentée par les holders historiques fait face à une demande plus volatile et plus sélective, qu’elle soit institutionnelle ou retail. Ce contexte donne lieu à une baisse étalée dans le temps, moins brutale mais plus complexe à inverser.
Malgré cette phase délicate, 2025 restera une année charnière pour la légitimation du Bitcoin comme actif financier majeur. Les cycles précédents montrent que de telles phases de distribution précèdent souvent des rebonds puissants, une fois que l’offre excédentaire est entièrement digérée.
Pour les investisseurs de long terme, cela rappelle que la volatilité est intrinsèque au Bitcoin. Mais son évolution sur plusieurs années a systématiquement récompensé la résilience. Les prochaines semaines seront cruciales, tout dépendra de la reprise durable des flux dans les ETF et de l’émergence de signaux macroéconomiques plus favorables, notamment d’une Fed plus conciliante.





