Un marché encore naissant
L’espace NFT de la musique est encore largement expérimental. La plupart des vendeurs ont besoin d’un portefeuille Web 3.0 pour les transactions. Les jetons non fongibles (NFT) ont d’abord capté l’imagination du public lorsque l’artiste numérique Beeple a vendu son œuvre « Everydays – the First 5000 Days » pour 69 millions de dollars au début de 2021.
Les marchés crypto se sont refroidis depuis lors, en partie à cause des vents contraires macroéconomiques suivis par la politique de resserrement quantitatif de la banque centrale américaine Federal Reserve. Sans oublier les effets d’entraînement du crash de la blockchain Terra en mai 2022.
Comme le disent souvent les vétérans de l’écosystème volatile des cryptomonnaies, les marchés baissiers sont le moment où les vrais investisseurs bloquent le bruit, retroussent leurs manches et construisent de nouveaux produits.
Le marché des NFT est lui aussi en constante évolution. Avec des niches qui se multiplient et de nouveaux modèles économiques qui émergent. L’un de ces sous-secteurs qui gagne en popularité auprès des artistes est celui des NFT musicales.
Que sont les NFT musicaux ?
Comme l’art numérique, les NFT musicaux sont des représentations numériques du travail d’un musicien, enregistrées sur une blockchain. Il peut s’agir d’une chanson entière, d’un court extrait, de redevances ou de la pochette de l’album. La propriété des NFT musicaux peut permettre à un fan de favoriser une relation plus étroite avec l’artiste, tout en fournissant à l’artiste des revenus directs provenant du fan. Cela élimine de l’équation une maison de disques qui prend habituellement une grande partie des revenus des ventes d’un musicien, en plus d’une réclamation sur ses droits de propriété intellectuelle.
Différence avec un morceau acheté sur iTunes
On peut se demander si l’achat d’un NFT musical est similaire à l’achat d’un morceau de musique sur iTunes. Alors que ce dernier donne la licence d’écoute d’un morceau particulier, le premier confère la propriété de ce fichier par le biais d’un NFT. Le NFT a une valeur monétaire potentielle, qui peut être échangée sur certains marchés à un prix plus élevé si l’artiste a du succès à l’avenir.
En outre, la possession d’un NFT peut offrir divers avantages. Un artiste ou un groupe peut récompenser les premiers propriétaires de NFT en leur offrant des laissez-passer pour les coulisses des concerts à venir. Ou les inviter à des événements réservés aux membres, leur offrir des souvenirs dédicacés et leur vendre les produits dérivés à un prix réduit.
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Places de marché NFT musicales
OpenSea est l’une des plus grandes places de marché NFT et possède un catalogue dédié aux NFT musicaux. Cependant, la plupart des artistes préfèrent se lancer sur des places de marché spécifiques à la musique.
Audius est l’un des protocoles décentralisés de streaming musical les plus populaires, alimenté par la technologie blockchain. Le projet réunit des artistes, des fans et des opérateurs de nœuds d’une manière qui permet à toutes les parties prenantes d’aligner leurs incitations. Les artistes peuvent télécharger de la musique et s’engager directement dans des transactions avec leurs fans.
Une autre plateforme qui gagne en popularité est Catalog. Les artistes peuvent publier un morceau de musique en édition unique sur une blockchain, qui peut ensuite être vendu directement aux fans.
Des projets NFT musicaux commencent à se lancer
Les NFT musicaux sont encore expérimentals par nature. Ils nécessitent que l’utilisateur effectue des transactions en utilisant des cryptomonnaies telles que l’Ether, ou le jeton natif du projet.
Royal
Cependant, Royal, est un projet qui permet à quiconque de posséder les droits des chansons et de gagner une part des redevances. Il permet aussi aux utilisateurs de payer par carte de crédit, le processus de paiement est doinc aussi simple qu’un site de commerce électronique. Si l’on choisit de revendre l’actif numérique limité (LDA) sur un marché secondaire, tel qu’OpenSea, il faut disposer d’un portefeuille crypto tel que MetaMask.
FanTiger
FanTiger, basé en Inde, suit également un modèle unique. Il permettant aux utilisateurs de gagner des redevances et des privilèges. Les utilisateurs peuvent acheter une chanson d’un artiste à venir pour seulement 99 Rs. FanTiger distribue cette chanson sur des plateformes de streaming telles que YouTube, Spotify, Gaana et Saavn, où la chanson gagne de l’argent pour chaque flux. Si la chanson est un succès et qu’elle a rapporté un montant important de redevances, le propriétaire du NFT gagne sa part des redevances.
La plateforme a déjà lancé 7 chansons sur la plateforme et vendu plus de 5000 NFT. Le paiement en monnaie fiduciaire change également la donne, car il permet d’intégrer des utilisateurs qui ne sont pas familiarisés avec les aspects techniques d’un portefeuille Web 3.0. Dans ce cas, la plateforme garde les actifs au nom du client à l’aide d’un portefeuille numérique créé sur la plateforme même.
Ce modèle économique est-il viable ?
Il est encore trop tôt pour considérer les NFT musicaux comme un modèle économique autonome. Selon Mairu Gupta, directeur de l’exploitation d’eDAO, une plateforme permettant aux artistes de faire leurs premiers pas dans le domaine du Web 3.0, « les NFT musicaux sont encore loin de leurs homologues de l’art de la PFP (une série de photos de profil) en termes d’adoption ou de volume. Pour l’instant, les artistes émergents devraient explorer une stratégie hybride, où ils travaillent avec des maisons de disques et construisent une forte communauté de fans pour s’engager dans les NFT musicaux. »
Les NFT musicaux sont loin de devenir une norme durable pour les artistes. Il existe pourtant une curiosité et un enthousiasme à l’égard de l’exploration des applications. La technologie sous-jacente doit également évoluer pour soutenir le modèle commercial des NFT musicaux jusqu’à un point où l’on peut exploiter son potentiel pour une compensation plus équitable par rapport aux plateformes de streaming actuelles.
Des artistes émergents comme Daniel Allan et Vérité ont connu un succès modéré avec les NFT musicaux. Mais des musiciens de renommée mondiale comme Snoop Dogg et Eminem tirent déjà parti de leurs marques respectives et font sentir leur présence dans le monde du Web 3.0 grâce à cette nouvelle technologie.
Le véritable gain pour l’écosystème, cependant, n’est pas le fait que des célébrités établies déposent leurs chansons en tant que NFT musicaux. Le véritable succès de cette technologie se mesurera au nombre de nouveaux artistes qui émergeront et obtiendront une reconnaissance mondiale grâce au phénomène des NFT musicaux.
