Un sursaut provisoire ?
Les actions du Grayscale Bitcoin Trust (GBTC) ont bondi mardi de 10% après que les juges fédéraux aux États-Unis ont semblé se ranger du côté de la société mère Grayscale dans son procès contre la Securities and Exchange Commission (SEC). La semaine dernière, la décote était de 46%, hier de 36%.
GBTC est le plus grand fonds crypto coté au monde avec 14 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Avec son lancement, les investisseurs institutionnels avaient enfin un moyen de s’exposer à la cryptomonnaie originale. Les investisseurs pouvaient échanger des bitcoins contre des actions du fonds et négocier ces actions sur le marché boursier.
Les belles années sont derrières
De 2015 à 2020, les actions ont toujours valu plus que les bitcoins qu’elles représentaient. La prime a même atteint 130%. Depuis mars 2021, le GBTC s’est négocié avec une décote à mesure que des produits concurrents apparaissaient et que le GBTC perdait sa mainmise sur le marché.
L’année dernière, la SEC a rejeté la demande de Grayscale de convertir le trust en un fonds négocié en bourse (ETF). Cela aurait permis aux investisseurs de racheter leurs parts contre le bitcoin sous-jacent et, à son tour, de permettre à GBTC de se négocier plus en tandem avec ses actifs sous-jacents.
Un barrage de nons
La SEC avait rejeté la demande de Grayscale en arguant qu’elle n’offrait pas une protection suffisante contre la manipulation du marché au comptant du bitcoin. Pourtant, quelques mois plus tôt, la Commission avait approuvé un ETF de contrats à terme sur le bitcoin qui utilisait le même système de gestion des risques.
« Le problème fondamental de l’ordonnance est qu’elle contredit les ordonnances précédentes de la SEC donnant le feu vert aux contrats à terme sur le bitcoin, produits négociés en bourse, qui présentent le même risque de fraude et de manipulation », selon un avocat du dossier.
Mais Grayscale n’a pas encore prouvé que les ETF Bitcoin à terme et au comptant partagent effectivement le même risque de manipulation, a soutenu Emily Parise, avocate de la SEC.
Des juges sceptiques
Les trois juges qui ont supervisé l’affaire ont semblé sceptiques quant à l’argument du gouvernement. « Quel type de données devraient-ils présenter ? a demandé la juge Naomi Rao à Mme Parise. « Vous pouvez dire qu’ils ont la charge, mais il semble que la SEC doive expliquer pourquoi ils se trompent dans les preuves qu’ils ont présentées. »
Selon James Seyffart, analyste chez Bloomberg Intelligence, il faudra attendre plusieurs mois avant de connaître l’issue du procès. « Mais cela s’est mieux passé pour Grayscale que ce que la plupart des gens avaient prédit », a-t-il écrit sur Twitter. « Sur la base de ce que je viens d’écouter, je ne serais pas surpris que Grayscale remporte l’ensemble des trois juges.
Même si Grayscale obtenait gain de cause au tribunal, sa décision serait renvoyée à la SEC qui pourrait, en théorie, trouver une autre raison de la refuser, a reconnu M. Verrillii.
« Cela me surprendrait beaucoup qu’elle décide de repenser toute l’affaire, mais je ne vois rien qui l’empêche de le faire », a-t-il déclaré.
